Confessions

11ème siècle

[Mon âme] était couverte d'ulcères, elle se jetait misérablement hors d'elle-même, souhaitant d'adoucir l'ardeur et l'inflammation de ses plaies en goûtant les plaisirs voluptueux de l'attouchement des créatures sensibles et animées, pour lesquelles on a autant plus d'amour qu'elles sont vivantes, et qu'on n'aimerait point si elles ne l'étaient pas. Ce qui faisait que je trouvais plus de délices et plus de douceurs à aimer et à être aimé, lorsque je possédais entièrement la personne qui m'aimait, et qu'elle s'était toute donnée à moi. C'était ainsi que je corrompais la source de l'amitié par les ordures et les impuretés de mes débauches, et que je ternissais sa splendeur et sa lumière par les vapeurs infernales qui sortaient comme de l'abîme de mes passions charnelles et vicieuses. Cependant lorsque j'étais si difforme et si infâme, je ne travaillais par mon excessive vanité qu'à paraître agréable et honnête homme ; et je tombai dans les filets de l'amour, où je désirais tant de tomber et d'être pris. (Livre III, 1)

Saint Augustin