Céline / Miller 1

rapproch

Hier après-midi (vendredi) , j'ai lu "Printemps noir" de Miller (1936) dans l'unique but (malsain) de faire du mauvais esprit à l'encontre de Meri. Hélas, quelle ne fut pas ma déception de constater que ce n'était pas un roman mais plutôt une suite d'évocations poétiques, et qu'il était plutôt compliqué de le comparer à une oeuvre de Céline. Néanmoins, j'estime que le ton autobiographique, les décors (grandes villes, quartiers populaires, Clichy (nommée Rancy chez Céline) et autres banlieues parisiennes, New-York, asile d'aliéné) , la vision d'une humanité crue et cruelle, la scatologie par moments, les galeries de portraits de personnages populaires et parfois interlopes, permettait d'établir un parallèle avec le "Voyage au bout de la nuit" de Céline.

Le thème de l'errance dans la nuit d'un monde qui se désagrège est commun aux deux auteurs.

Miller écrit : "Il y a des blocs énormes de ma vie qui sont perdus à jamais. Partis, éparpillés au vent, effrités dans la conversation, l'action, le souvenir, le rêve."

Plus loin, il se définit comme "Un vagabond de plus qui a trouvé la flamme de son inquiétude." (N'est-ce pas le portrait même de Bardamu ?) Et il se pose cette question : "Vivre au-delà de l'illusion, ou avec ? Voilà la question ! Et moi, je porte une gemme terrifiante qui ne s'use pas, une gemme qui égratigne les carreaux pendant ma fuite dans la nuit." qui semble un écho du célèbre "Il faut choisir : mourir ou mentir. Je n'ai jamais pu me tuer, moi." de Céline.

Dans les messages suivants, j'ai essayé de mettre en perspective des passages de "Printemps noir" et du "Voyage au bout de la nuit".

© Ali Kiliç